Plus de la moitié de la population mondiale vivra dans une ville en 2030, contre seulement 10% en 1900. Le 21e siècle sera urbain. Mais la ville de 2030 ressemblera assez peu à celle du XXe siècle : de plus en plus étalée et multipolaire, diverse et fragmentée, pénétrée de réseaux et insérée dans les circuits mondiaux d’échange, autonome vis-à-vis des Etats-nations, préoccupée de son «empreinte écologique» mais aussi des tensions sociales en son sein, cette ville se réinvente en profondeur. Les technologies jouent un rôle important dans cette mutation, qu’il s’agisse d’aider les citadins à organiser l’écheveau complexe de leurs relations, leurs occupations et leurs déplacements ; de favoriser une production et une distribution de plus en plus flexibles, en temps réel et connectée à de multiples réseaux ; et d’organiser l’échange entre les citoyens avec, ou parfois contre, les institutions de la ville.

Tendances lourdes

Un mouvement historique d’urbanisation

En 2030 60% de la population mondiale sera urbaine. 5 milliards d’individus peupleront les mégapoles et agglomérations déca-millionnaires réparties sur tout le globe, ainsi que les villes moyennes, souvent englobées dans des ensembles plus larges. Le rythme de cette urbanisation généralisée s’est accéléré avec la montée en puissance des pays émergents, Asie en tête : la Chine construira d’ici 2020 près de 400 villes nouvelles pour y accueillir les 300 millions de ruraux candidats, ou condamnés, à l’exode. Opération qui figure déjà comme la migration la plus spectaculaire de l’histoire. 13 des 20 plus grandes agglomérations de la planète se répartissent entre l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. Entre 1980 et 2000, Lagos (Nigéria), Dhaka (Bangladesh), Tianjin (Chine), Hyderabad (Inde) et Lahore (Pakistan) ont rejoint la liste des 30 premières villes du monde. Lagos sera en 2010 la troisième ville du monde après Tokyo et Bombay ; Milan, Essen et Londres ne feront peut-être plus partie des 30 premières villes du monde, tandis que New-York, Osaka et Paris se retrouveront en fin de liste. Deux régimes d’urbanisation coexistent dans le monde. L’un accéléré, récent, porté par la croissance démographique et l’exode rural, parfois planifié par les autorités politiques et administratives (Asie du Sud-Est, Chine…), parfois anarchique (Afrique, Bangladesd…). L’autre ralenti, ayant atteint une forme d’équilibre rural/urbain, visant la qualité de vie, de plus en plus extensif à partir des centres urbains historiques.