«Eco-gotchi» : l’empreinte écologique comme métrique du quotidien
L’Ecogotchi est au départ un petit calculateur personnel d’«empreinte écologique», mobile, sympathique et familier. Il se complète par un écosystème ouvert d’outils et de services d’alimentation, de simulation et de conseil proposés par une grande diversité d’acteurs, et par une infrastructure d’échange de données et de messages : le «réseau social de l’empreinte écologique».
L’Ecogotchi prend donc a priori la forme d’un petit dispositif mobile d’aspect sympathique, sur le modèle du «Tamagotchi» de Bandai. Ses spécifications étant ouvertes, plusieurs objets peuvent être proposés, ainsi que des versions virtuelles (un petit logiciel à charger sur son téléphone mobile, par exemple). L’écran peut afficher des chiffres, des courbes, ou bien représenter un petit animal qui, par exemple, s’étouffe si l’on achète tel type de produit, si l’on prend trop souvent sa voiture seul ou l’avion, et retrouve des couleurs dans d’autres circonstances.
L’Ecogotchi se nourrit de données. S’il restera probablement nécessaire de remplir un questionnaire au départ, de nombreuses données courantes pourraient, au prix d’un effort collectif raisonnable, être obtenues directement par l’appareil : les compteurs pourraient lui transmettre leurs données, le GPS le renseigner sur les déplacements et les modes de transport utilisés, des codes-barres ou des puces Rfid pourraient informer sur les produits achetés, etc. Cela supposera dans certains cas un effort d’ouverture ou d’extension de certains standards, ou encore d’autoriser l’Ecogotchi à lire certaines données issues de capteurs ou d’autres appareils. Ainsi alimenté, l’Ecogotchi peut faire passer l’empreinte écologique du statut d’outil pédagogique militant à celui de métrique du quotidien, pratique et ludique.
Un écosystème ouvert de services complémentaires
Pour réussir, l’Ecogotchi doit se penser d’emblée comme un système ouvert : ses spécifications, ses formats, ses interfaces sont libres, y compris pour un usage commercial. Il s’agit de faire en sorte que le concept s’incarne sous autant de formes que possibles, et qu’un très grand nombre de sites, services et outils périphériques apparaisse autour du noyau de base. L’Ecogotchi doit notamment pouvoir servir d’aide à la décision, voire de «coach». Des services, ou des experts en ligne, pourraient permettre d’évaluer différentes manières de réduire son empreinte écologique, de recevoir des conseils, et d’évaluer le coût de chaque décision selon d’autres variables : cela coûterait-il plus cher ou moins cher, prendrait-il plus, ou moins de temps ? Quelles alternatives, quels arbitrages pourrait-on imaginer ?… Le but n’est pas, en effet, d’imposer l’empreinte écologique comme norme de comportement exclusive, mais d’en faire un repère parmi d’autres, quoique doté d’un statut un peu particulier.
Le «réseau social de l’empreinte écologique»
Enfin, l’Ecogotchi doit être un objet social, «2.0» pour reprendre une terminologie à la mode. Il s’appuie sur une infrastructure d’échanges de données, d’une part pour l’alimenter et en affiner les calculs, mais aussi pour permettre à chacun de partager ses résultats, ses progrès et ses difficultés, d’échanger des conseils, de se lancer des défis, de se comparer à d’autres utilisateurs qui vivent ailleurs dans le monde, d’imaginer des projets communs, etc. Les données des Ecogotchis peuvent ainsi, sous le contrôle de leurs utilisateurs, s’agréger, se communiquer et se discuter. On peut imaginer des «Ecogotchis collectifs» pour un immeuble, un quartier, une entreprise, un pays…
Personnel, mobile, ouvert et social, l’Ecogotchi deviendrait ainsi un objet quotidien, permettant à chacun de réduire son empreinte écologique d’une manière plus simple, plus agréable, voire ludique. L’objectif est en effet que l’empreinte écologique devienne une métrique du quotidien un sujet de discussion, un facteur et un outil de décision, individuelle et collective, parmi d’autres.