«Des technologies convergentes pour améliorer la performance humaine» : tel est le titre du rapport de 2004 qui fonde la stratégie américaine de recherche dans les technologies du futur : nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC). En rendant les organisations plus productives, l’informatique améliore déjà la «performance humaine» ; mais il s’agit ici d’intervenir directement sur l’être humain. Les premières applications sont médicales : détecter, voire prévenir des maladies, réparer des tissus endommagés (et traiter certaines maladies dégénératives telles qu’Alzheimer), compenser certains handicaps grâce à des implants électroniques (des caméras qui rendent en partie la vue, des connexions directes entre le système nerveux et des prothèses). Mais la frontière entre la prévention, la réparation et l’«augmentation» en dehors de toute pathologie, apparaît ténue. Aujourd’hui, la Grande-Bretagne autorise la sélection d’embryons pour éviter un strabisme congénital ; demain, d’autres prédispositions d’origine génétique pourraient être considérées comme des handicaps ; sans parler, bien sûr, des applications militaires… On peut classer les technologies d’«augmentation humaine» (human enhancement) dans quatre catégories :

  • Améliorations cognitives_ : augmenter la mémoire (ou la modifier, par exemple pour «désapprendre» des phobies), renforcer la vigilance, réduire certaines inhibitions pour augmenter la créativité…
  • Extension de la vie : prolonger les capacités régénératrices des cellules, activer les cellules souches adultes pour régénérer des tissus et des organes…
  • Améliorations de l’humeur et des conditions subjectives de vie : réguler le sommeil, combattre la dépression, stimuler certaines zones du cerveau…
  • Augmentation de la performance physique : modifier l’activité des cellules pour leur faire produire certaines substances agissant sur la résistance (EPO), le flux sanguin, la force physique… ou adjoindre au corps des dispositifs mécaniques tels que des exosquelettes.