Un éloignement paradoxal de la «chose publique»
Dans l’enquête annuelle mondiale 2007 du Pew Research Center , une majorité d’européens (70% des Allemands et des Italiens, 52% des Français et des Espagnols, mais seulement 42% des Britanniques, 33% des Suédois – et des Américains) estiment que «la réussite dans la vie dépend pour l’essentiel de forces sur lesquelles nous n’avons pas de contrôle». Et plus de 60% d’entre eux pensent que «l’Etat contrôle une trop large part de nos vies quotidiennes». Interrogés en janvier 2007 par CSA et Le Parisien sur l’endroit où ils seraient prêts à s’engager pour apporter des réponses aux problèmes qui se posent dans leur pays, les Français s’orienteraient à 71% vers des associations, à 13% vers un parti politique et à 11% vers un syndicat . Ce ne sont que quelques signes, parmi d’autres, de l’éloignement croissant des citoyens vis-à-vis de leurs institutions démocratiques. Un éloignement paradoxal, voire à regret. En témoignent la forte capacité de mobilisation spontanée pour des causes précises et ponctuelles, face à des catastrophes naturelles ou pour influer sur un projet local ; la participation record des Français à l’élection présidentielle de 2007 où les deux finalistes avaient réhabilité un certain volontarisme politique ; ou sous un autre angle, la tendance à tenir les élus pour pénalement responsables des conséquences de leurs actions ainsi que de leurs inactions.