Un nouveau défi démocratique ?
Démocratie…
Dans de nombreux pays, l’internet se situe sur la ligne de front du combat pour la démocratie. Pendant les émeutes birmanes, face aux abus des pouvoirs locaux chinois, durant les conflits de l’ancienne Yougoslavie, c’est bien souvent grâce à l’internet que les opposants restent en contact entre eux et avec le reste du monde. Et l’internet devient donc une cible pour les pouvoirs autoritaires – une cible à la fois facile et mouvante. Mais dans nos pays démocratiques «avancés» ? Certes, la parole y est libre. Mais la surveillance progresse, et le numérique en est l’outil idéal. Partout, les autorités cherchent à obtenir que les opérateurs conservent le plus longtemps possibles les données des communications de leurs clients. En 2007, on estime à plus de 5 millions le nombre de caméras de surveillance dans les espaces publics en Grande-Bretagne. Les autres pays européens, dont la France, emboîtent désormais le pas au Royaume-Uni. D’autres technologies, isolées ou associées les unes aux autres, pourraient permettre d’étendre le champ de la surveillance à des niveaux sans précédent : identification biométrique répandue, puces Rfid dans les papiers d’identité, drones urbains, géo-localisation… Ces technologies peuvent recevoir d’autres usages, mais elles conduisent également à multiplier nos traces, ainsi que les moyens de lire et de les recouper.
… Vigilance…
Or face aux empiètements progressifs des libertés réalisés à l’aide des technologies les plus pointues, la vigilance de la société semble bien émoussée. La mise en place par la France de tests ADN pour les candidats au regroupement familial a certes suscité des protestations ; mais il y a quelques années, la proposition n’aurait même pas pu être formulée ! Il en va de même du fichage ADN qui touche même les petits délinquants ou les simples suspects, des bracelets électroniques qu’on fixe sur des anciens détenus, sur des demandeurs d’asile, sur des malades d’Alzheimer ou sur des enfants, du dépistage prénatal de prédispositions «asociales»… Certains protestent mais en définitive, ces débats ne suscitent guère de mobilisation de l’opinion.