Mesurer l’intelligence collective

Le Quotient Intellectuel (QI) constitue une forme, bien imparfaite, de mesure de l’intelligence individuelle. On tente également de mesurer les niveaux moyens de qualification de populations données. Mais on ne sait pas, au fond, mesurer l’intelligence collective, celle qui donne (ou non) à un collectif la capacité de mobiliser efficacement ses ressources, de résoudre des problèmes difficiles, de produire et de mettre en œuvre des idées neuves. Tant que nous ne saurons pas mesurer l’intelligence collective, faute de représentations, nous resterons coincés dans des modèles dépassés et inefficients de formation, de collaboration, de pouvoir. Il s’agit donc d’un projet de recherche prioritaire, pour chaque entreprise comme pour chaque territoire, chaque pays, chaque communauté humaine.

«Passeurs de savoirs» : transformer la transmission de la connaissance

Enseigner et apprendre d’autres choses, autrement

Si la nature, le statut et l’usage de la connaissance changent, la manière de la transmettre doit également changer :

  • Apprendre à apprendre, à chercher, évaluer, exploiter l’information où elle se trouve, à acquérir auprès des autres les connaissances nécessaires.
  • Apprendre à externaliser, à sous-traiter à des machines et aux réseaux des fonctions mémorielles ou des opérations routinières de la pensée.
  • Apprendre à collaborer, à partager projets, informations et méthodes avec d’autres pour atteindre un but commun.
  • Apprendre à enseigner, à transférer ses connaissances à d’autres.
  • Apprendre à capitaliser, à transformer ses expériences en connaissances
  • Apprendre à innover, à transformer ses connaissances en inventions:
  • Apprendre à projeter, à imaginer et à créer de nouveaux possibles…
  • … Tout au long de sa vie, voire dans tout acte de sa vie

Un tel apprentissage concerne autant les individus que les organisations. Les organisations aussi doivent devenir «apprenantes», gérer les connaissances explicités et tacites qu’elles accumulent, apprendre à collaborer…

Faire émerger et reconnaître des «passeurs de savoir»

Transformer la transmission des savoirs ne signifie pas que l’on se passe de médiateurs. Les enseignants sont des médiateurs professionnels et leur rôle demeure indispensable, même s’il faut faire évoluer le contenu et les méthodes d’enseignement. Mais d’autres médiateurs émergent. Il peut s’agir d’un retraité qui transfère ses connaissances aux nouveaux arrivés dans une entreprise, d’un adolescent qui forme à l’informatique les habitants de son quartier, d’un menuisier qui échange ses compétences contre une formation en plomberie… Il faut donc :

  • Ouvrir des espaces d’élaboration collective, ou co-creation,
  • Aider à l’émergence de dispositifs de trocs de savoir.
  • Reconnaître et valoriser les nouveaux «passeurs de savoir», leur donner du temps, des outils de travail et d’évaluation ;

Capitaliser les connaissances et l’expérience acquise

Les compétences d’un individu ne se représentent plus aisément dans un CV. Elles résultent de formations sanctionnées par des «crédits», d’expériences professionnelles, des connaissances acquises via ses hobbies, des projets menés, voire des échecs. Elles se représentent parfois par des lignes de CV, d’autres fois en donnant accès à des réalisations concrètes. Elles se capitalisent tout au long de la vie. Les références formelles se complètent de preuves en actes. Il faut inventer une forme de «CV» numérique capable de recenser l’extrême diversité de ces signes de compétences, et d’en offrir une «vue» adaptée à chaque interlocuteur : un recruteur, un employeur qui cherche à cartographier les compétences de son entreprise, un membre d’une association, un ami…