Les changements démographiques accompagnent les transformations sociales dans une dialectique permanente : l’augmentation de l’espérance de vie, la baisse de la natalité, l’urbanisation, les migrations, modifient les conditions de vie et les relations sociales, font émerger de nouveaux comportements et de nouveaux besoins. Réciproquement, l’évolution du statut de la femme, l’arrivée de plus en plus tardive du premier enfant, la plus grande fragilité des familles, les évolutions technologiques… ont des répercussions sur les phénomènes démographiques. Plus que le nombre absolu d’habitants de la terre, les questions démographiques majeures des 20 ans à venir sont sans doute l’impact des différentiels démographiques sur les différentiels de croissance entre pays, l’évolution de l’équilibre entre jeunes et vieux, et la manière de répondre aux besoins et aux pressions migratoires.

Un «pic» de 9 milliards d’habitants en 2050

En 2006, le monde compte 6,5 milliards d’habitants. D’après le rapport «Perspectives démographiques mondiales [1] « de l’ONU, la population mondiale devrait atteindre 7,9 milliards en 2025 et 9,1 milliards en 2050 [2], avant de décroître.

Une croissance concentrée sur les pays en développement

95% de la croissance démographique mondiale est absorbée par les régions pauvres et 5 % par les régions développées. D’ici à 2050, d’après la variante moyenne proposée par le rapport, la population de l’ensemble des pays développés devrait diminuer (1 million de personnes) par an, et les régions moins développées devraient augmenter chaque année de 35 millions d’habitants, dont 22 millions dans les pays les moins avancés.

«Transition démographique» dans les pays développés

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En un peu plus d’un siècle, l’Europe Occidentale est passée de taux de natalité et de mortalité tous deux très élevés, à un taux de fécondité faible [3] couplé à un quasi-doublement de l’espérance de vie : c’est ce que l’on nomme la «transition démographique». D’autres pays développés suivent le même chemin, souvent plus rapidement – un demi-siècle pour la Corée du Sud. Les pays les plus développés entrent aujourd’hui dans ce que les démographes appellent «le crash [ou «l’hiver»] démographique» : le taux de natalité se stabilise en dessous du taux de mortalité et la population ne se renouvelle plus. Dans un même temps, l’espérance de vie augmente. En forçant le trait, la pyramide des âges se renverse presque ! Dans les 15 pays de l’Union Européenne d’avant 2002, l’espérance de vie est comprise entre 73 et 78 ans pour les hommes et atteint 79 à 83 ans pour les femmes. La proportion de personnes âgées dans la population devient de plus en plus importante. Le Japon fait figure de précurseur dans cette voie : 17% de sa population a plus de 65 ans (29% en 2025, 36% en 2050). Cette tendance se manifeste également en Corée et en Chine, où la politique de l’enfant unique aura pour conséquence une transition démographique accélérée. Seuls les Etats-Unis s’écartent du schéma commun aux pays développés en enregistrant depuis les années 90 un taux de fécondité des femmes compris entre 2,0 et 2,1. Une immigration soutenue, un plus fort taux de natalité dans la population hispanique, ainsi que des différences culturelles [4], permettront aux Etats-Unis d’avoir une base de population jeune plus importante en 2025 qu’aujourd’hui.