Intelligence artificielle, réalité virtuelle et augmentée, robotique : une intimité nouvelle entre l’homme et ses créations.

Dialoguer de manière naturelle avec des machines, ou (via des outils de traduction automatique) grâce aux machines ; résoudre à l’aide d’ordinateurs des problèmes complexes qui ne peuvent pas être modélisés a priori ; reproduire l’intelligence humaine, ou certaines de ses caractéristiques ; cohabiter avec des robots de service ; simuler des environnements réalistes pour comprendre certains mécanismes de la nature, se former, intervenir à distance dans des environnements dangereux ; enrichir d’informations nouvelles nos interactions avec le monde physique… ces objectifs à première vue très différents sont aujourd’hui poursuivis de manière concrète par la recherche et l’industrie, en mobilisant un ensemble de disciplines diverses, mais fortement reliées entre elles : intelligence artificielle, réalité virtuelle, «vie artificielle», réalité augmentée, robotique. Avec, au fond, un objectif commun : celui d’une intimité toujours plus grande entre l’homme et la machine, entre l’univers physique et le monde virtuel.

L’intelligence artificielle (IA) : simuler le raisonnement… voire plus

L’intelligence artificielle (IA) vise à «automatiser le raisonnement» et à doter des programmes ou des automates de comportements «intelligents» : adapter ses actions à des contextes inattendus, apprendre de son expérience, gérer l’incertitude, prendre les bonnes décisions pour atteindre un but donné… Cette discipline relativement ancienne repose sur une combinaison de méthodes issues de l’informatique (réseaux neuronaux, reconnaissance de formes), des sciences cognitives (systèmes experts), des statistiques (réseaux bayesiens), de la biologie (algorithmes génétiques, intelligence en essaim), des mathématiques (logique floue). Sous sa variante «forte», popularisée notamment par la science-fiction, l’IA se fixe pour objectif de reproduire le fonctionnement du cerveau humain, puis d’en dépasser les performances. Mais cet objectif paraît encore lointain, voire pour certains inatteignable (et/ou peu souhaitable). Aujourd’hui, l’IA est utilisée à des fins beaucoup plus spécifiques, quoique parfois très ambitieuses : battre le champion du monde d’échecs (1997), diagnostiquer certaines maladies aussi bien qu’un praticien, comprendre un homme quand il parle (un objectif encore lointain en dehors de contextes relativement précis), faire parcourir 200 km de terrain accidenté à un véhicule entièrement automatique (DARPA Grand Challenge)… ou de manière plus quotidienne : détecter les spams, aider à choisir des investissements, aider un robot industriel à se saisir correctement d’une pièce dans un tas, optimiser l’occupation des lits d’un hôpital, détecter un visage suspect à l’entrée du métro ou identifier des segments intéressants de clientèle dans une grande base de données («data mining»), automatiser la réponse d’un service client au téléphone.