Déchiffrer en quelques minutes n’importe quel document chiffré avec les techniques d’aujourd’hui ; simuler tous les processus physiques, voire des univers virtuels ; rendre impossible l’interception de messages ; relier de manière intime le «virtuel» et le «réel» : telles sont certaines des perspectives que propose – à moyen, long ou très long terme – l’informatique quantique. Une «nouvelle frontière» pour l’informatique et peut-être, pour notre perception de l’univers et notre capacité d’action sur lui. Mais si la théorie est au point, la mise en pratique demeure encore balbutiante.

La physique quantique, cet autre monde

La mécanique (ou physique) quantique est née au début du XXe siècle du constat que certains phénomènes, notamment à l’échelle des molécules ou des particules, n’obéissent pas aux règles de la physique classique, «newtonienne». C’est une théorie complexe et souvent contre-intuitive, d’autant qu’elle traite de phénomènes qui ne sont, par définition, pas accessibles à notre expérience directe et que les instruments de mesure étant eux-mêmes composés de particules, ils interagissent avec ce qu’ils observent. Niels Bohr, l’un des pionniers de la physique quantique, disait ainsi que «quiconque n’est pas choqué par la mécanique quantique ne l’a pas entièrement comprise»… Cependant, cette théorie a considérablement progressé depuis un siècle, elle a fait l’objet de très nombreuses vérifications expérimentales, elle permet effectivement d’expliquer un grand nombre de phénomènes incompréhensibles auparavant – et surtout, elle fait l’objet de nombreuses exploitations techniques, dont l’informatique quantique n’est ni la plus connue, ni la plus mature : le laser, la supraconductivité, les semi-conducteurs… (voir aussi la fiche «nanotechnologies»).