SITUATION
Si la capacité qu’à l’homme de se transformer est caractéristique de sa nature même (Pic de la Mirandole le signalait déjà dans son «oraison sur la dignité humaine», dès les débuts de la Renaissance), les dernières années ont vu les progrès se multiplier dans ce domaine, au point qu’on parle maintenant de la possibilité d’une «post-humanité» engendrée par l’application des technologies sur le corps -et notamment le cerveau- humain. Ces rêves d’hommes augmentés ont tout d’abord été portés par les romanciers de science fiction et d’autres auteurs plus ou moins visionnaires et marginaux. De récentes avancées (notamment la naissance de Dolly en 1996) ont fini par donner une certaine respectabilité à ce qui passait peu de temps avant pour du délire. Aujourd’hui, les rêves de mutation se partagent entre plusieurs mouvances : la «pop culture» (des héros de manga à «Dark Angel», en passant par les productions Marvel), qui préparent probablement les jeunes générations à vivre des transformations qui paraitraient horrifiques ou impensables à leurs ainés; les travaux de certaines institutions militaires comme la Darpa américaine, à la recherche du super-soldat; les spéculations de nombreux scientifiques sur l’avenir de l’être humain (Stephen Hawking, Freeman Dyson, Rudy Rucker); enfin des mouvements idéologiques, inspirés tant par les spéculations desdits scientifiques que par certains auteurs de SF (Vernor Vinge) qui tentent de manière programmatique et activiste de promouvoir l’idée d’un homme transformé et posthumain (transhumanistes, extropiens, singularitariens…). Ces groupes pour l’instant marginaux, pourraient voir leur sphère d’influence augmenter lorsque ces sujets commenceront à agiter véritablement le débat public.