SITUATION

La santé demeure une question centrale dans l’histoire de l’humanité. Les hommes veulent vivre plus longtemps et plus sainement ce qui stimule incessamment le développement de la médecine. Les médecins sont toujours plus expérimentés et les équipements médicaux en innovation constante, mais dans le même temps se multiplient les médecines parallèles, les drogues et autres remèdes miracles. Dans ce contexte, le développement des technologies de l’information et de la communication et à fortiori l’internet favorisent une circulation plus large du savoir médical et promeuvent de nouveaux processus de communication et de coopération internationaux. Une part plus significative de la recherche et de la pratique médicale, auparavant réservée aux seuls experts du domaine, se trouve aujourd’hui ouverte à la concertation avec des collectifs de patients ou des associations de malades qui témoignent et revendiquent une plus grande prise de parole et de décision. L’informatique et les TIC peuvent jouer ici un rôle prépondérant et sont intégrées aux programmes nationaux de santé publique dans la plupart des pays développés. Ces 20 dernières années, le monde médical a surtout mobilisé l’Internet comme une vitrine institutionnelle ou comme un support informatif pour la diffusion de l’information médicale. Mais, la dernière génération des professionnels de santé a été formée au savoir médical par l’intermédiaire de nouveaux serveurs en ligne tels que Medline. Les centres médicaux universitaires, plus fortement présents et actifs sur le Web, s’appuient et participent ainsi à une nouvelle circulation du savoir médical qui bouscule les identités professionnelles, les représentations et les expériences sociales de la santé. Parallèlement, des modèles d’affaires inédits se développent en prenant appui sur Internet. Se dessine ainsi un nouveau monde de la santé à l’age de l’information qui induit de nouvelles relations entre les politiques nationales de santé publique, les instituions de recherche et les centres hospitaliers, les fabricants et fournisseur médicaux (pharmaceutique y compris), les organismes sociaux, groupes éducatifs, associations de malade et assistance sociale. Bien sûr, nous ne pouvons proposer ici la synthèse des avancées technologiques et des progrès de connaissances de ce domaine médical en constante mutation. Il s’agit davantage de pointer les leviers et les dynamiques sociotechniques, ou leurs points de tensions, qui ouvrent des possibilités inédites d’appropriation et d’action pour une mise en œuvre commune du monde médical de demain. Le principal défi revient à trouver le bon équilibre entre une indépendance accrue des patients et l’aide professionnelle des médecins : notamment à travers de nouveaux modèles de gestion de la relation expert/profane.