SITUATION

Les TIC et le numérique ont entraîné une profonde remise en cause des anciens équilibres des industries de la culture et de la communication. En instaurant de nouveaux rapports entre industries de contenus, industries médiatiques et industries techniques, la « convergence numérique « affecte variablement les anciennes filières du secteur culturel. En même temps que des industries comme le cinéma, la radio, la télévision ou le disque, sont touchées de plein fouet par la numérisation, un « nouveau paysage numérique « se dessine sous nos yeux, qui évolue sans cesse (changements de formats, de supports ou de diffusion). De nouveaux canaux et de nouvelles formes de distribution culturelle apparaissent (télévision numérique, téléchargement, peer to peer…) qui représentent à la fois de grandes menaces et des perspectives attrayantes pour l’économie traditionnelle des contenus. Prenant la mesure des conséquences économiques et sociales de ces mutations, les acteurs de ce secteur doivent par conséquent inventer des modèles inédits de régulation de la production et de la consommation culturelle :

  • Redéfinir les structures et stratégies financières et industrielles ;
  • Renouveler les politiques publiques, de réglementation et de régulation ;
  • Inventer de nouveaux processus de création, production, diffusion et valorisation des productions intellectuelles et artistiques ;
  • Accompagner et favoriser les usages et pratiques de consommation innovantes ;

Se joue d’abord la place certainement essentielle des nouveaux consommateurs/producteurs numériques, forts utilisateurs de tout logiciel, y compris de peer-to-peer, amateurs importants de contenus, mas aussi et surtout prescripteurs et acteurs de la création. Ils forment la nouvelle frontière du marketing et de la communication des industries culturelles qui ont autant besoin de séduire ce nouveau public que le cinéma à eu besoin des cinéphiles ou l’industrie de la musique des mélomanes. Ils traduisent aussi un nouveau rapport à la création, à son industrialisation, sa consommation. Le second enjeu réside alors dans les conditions de rencontre entre l’offre des industries de contenus devant passer de stratégies défensives à des stratégies offensives pour atteindre et profiter de la vigoureuse croissance d’une demande solvable, informée et créatrice, pour leurs produits. Philippe Chantepie et Alain Le Diberder, Révolution numérique et industries culturelles, La découverte, Repères, 2007, p.107. Il s’agit, d’une part, d’inventer les nouveaux produits et usages sociaux de «dispositifs et services médiatiques» non encore stabilisés, notamment dans le domaine de l’audiovisuel numérique et des médias interactifs. D’autre part, une approche en termes de médiacultures ou de cultures médiatiques doit ici être mise en œuvre, qui soit particulièrement attentive à la redéfinition croisée des configurations techniques et des cadrages sociaux de ces nouveaux médias. Comme cela est nécessaire, par exemple, dans le monde de la musique numérisée où doivent cohabiter, entre tradition et innovation, le système des majors et des stars, les indépendants et jeunes créateurs, les mélomanes et amateurs éclairés qui produisent et diffusent de nouveaux formats musical sur Internet. Au-delà des menaces, ces nouvelles interfaces portent également les germes d’une nouvelle croissance. La nouvelle donne est là pour durer, mais pour quelles économies, quels usages, quelles stratégies ?