SITUATION
Comme le dit Philippe Chantepie, si les effets du numérique sur la production des contenus sont à la fois profonds sur un plan technique, et limités sur un plan économique, il n’en va pas de même en aval des filières. La distribution, la diffusion et la consommation des contenus numériques sont transformés durablement.
- dématérialisation des supports physiques (CD, DVD, papier, etc.)
- faculté de reproduire, distribuer et diffuser, échanger tous contenus sur les réseaux
- mutation de l’infrastructure technique de distribution : progrès constant des débits des réseaux et de la compression
- abondance de contenus et modification des chaînes de valeurs
Le dernier siècle aura donc été celui du bouleversement numérique des modes d’exploitation des contenus et du dépassement des modèles économiques antérieurs. La dématérialisation de tous les contenus – édition, presse, phonogramme, vidéo, etc – associée à la numérisation des supports d’enregistrement et de tous les réseaux permet, en principe, une circulation de tous les contenus sur tous les supports et tous les réseaux. Les contenus numériques devenant hyperreproductibles, leur circulation et l’invention de nouveaux modèles de distribution et de consommation de ces contenus deviennent par conséquent des enjeux majeurs et difficile à planifier. D’une part, les entreprises sont aujourd’hui contraintes d’innover, et elles se redéfinissent pour cela. Le développement de nouvelles compétences, la mise en place d’organisations inédites, la réalisation de nouveaux produits et services sont devenus la clé des avantages compétitifs pour les entreprises petites ou grandes. Le processus de l’innovation mêle de plus en plus des compétences internes et externes à l’entreprise et l’innovation devient le fruit d’interactions entre des acteurs nombreux et variés : les firmes, les laboratoires académiques, les pouvoirs publics, les financiers, les clients ou les utilisateurs. Ce nouvel environnement et contexte de l’innovation économique demande toutefois de sortir de la dichotomie offre-demande pour mieux investir les marchés :
- la diversité empirique des marchés : le marché n’est pas un principe abstrait, il existe au contraire une grande variété des formes d’organisation des échanges économiques.
- le caractère construit des marchés : les marchés sont des artefacts, et il existe plusieurs manières de les fabriquer ou de les transformer.
- la dimension matérielle des marchés : les marchés sont des agencements complexes dans lesquels les dispositifs techniques jouent un rôle essentiel.
D’autre part, avec le développement des TIC sont apparues de nouvelles formes de coordination économique : distinctes de la théorie de Bandard qui définit la notion comme une mise en équilibre de deux espaces autonomes, où l’offre et la demande seraient régulés par des principes indépendamment lié à la coordination. L’innovation consiste désormais à considérer que l’offre et la demande ne préexistent pas à la coordination.