SITUATION

Le terme «globalisation» est au cœur d’une tension sémantique autant que politique. Au sens strict, il désigne l’extension supposée du raisonnement économique à toutes les activités humaines et évoque sa limitation au globe terrestre. À l’inverse du terme «mondialisation» qui désigne l’extension planétaire des échanges : qu’ils soient culturels, politiques, économiques ou autres. Deux conceptions, « unitaire « et « conflictuelle ou plurielle « s’affrontent autour de l’explication de ce phénomène :

  • La conception unitaire de la globalisation repose sur la vision d’un monde « uni «, formant un village planétaire, sans frontières. Cette conception à la fois géographique, idéologique ou économique, est aujourd’hui soutenue par des organisations internationales : FMI, OMC etc. Les innovations technologiques du XXIe siècle renforcent ce mouvement en même temps que l’internationalisation et l’expansion des mouvements financiers, l’économie de marché et place le système capitaliste au centre de l’économie mondiale. Il s’en suit une volonté d’» unification du monde « qui fait le pari d’une intégration ou, du moins, d’une interpénétration réussie des cultures, des technologies et des économies mondiales. D’où les termes de culture mondiale, civilisation mondiale, gouvernance mondiale, économie mondiale, voire même de citoyen mondial, etc.
  • La conception conflictuelle et/ou pluraliste : opposée à la conception unitaire, jugée trop réductrice ou restrictive, la conception conflictuelle et pluraliste considère la forme actuelle de la mondialisation comme la source de nos problèmes. Elle met en avant une approche de coopération plutôt que de mise en concurrence, principe sous-jacent de la forme actuelle de la mondialisation. Les sympathisants les plus farouches de cette conception sont les courants altermondialistes et antimondialistes. Les problèmes que pose cette approche de la mondialisation sont ceux de l’hétérogénéité, de l’incompatibilité, de la fragmentation et de l’intégration, de l’ordre et du désordre, de l’inégalité, de l’exclusion et de la solidarité, de la domination, de l’exploitation, des affrontements idéologiques et des relations humaines qui sont souvent régies par des rapports de force.

Au croisement de ces deux visions, la globalisation désigne un processus historique par lequel des individus, des activités humaines et des structures politiques voient leur dépendance mutuelle et leurs échanges matériels autant qu’immatériels s’accroître sur des distances significatives à l’échelle de la planète. Elle consiste en l’interdépendance croissante des économies et contribue également à l’expansion des échanges et des interactions humaines. Au delà du seul aspect économique, le développement des échanges de biens et de services, accentué depuis la fin des années 1980 par la création de marchés financiers au niveau mondial, recouvre également des enjeux culturels, politiques et sociologiques :

  • l’aspect culturel qu’apporte l’accès d’une très large partie de la population mondiale à des éléments de culture de populations parfois très éloignés d’une part et aussi la prise de conscience par les pays développés dans leur ensemble de la diversité des cultures au niveau mondial.
  • l’aspect politique que représente le développement d’organisations internationales et d’ONG.
  • l’aspect sociologique de la mondialisation résumé par Zygmunt Bauman, sociologue et professeur émérite des universités de Varsovie et de Leeds :