SITUATION

La fin du XX siècle a été secouée par un grand changement de paradigme qu’on peut nommer, faute de mieux, la « complexité «. Son principe de base est que le comportement d’un ensemble ne peut être déduit aisément des propriétés de ses parties. Première des théories de la complexité, la cybernétique, dont l’un des principe de base (le « feedback « ) met en cause la linéarité des causes et effets (A influençant B et B influençant en retour A), ce qui rend difficile tout travail de prédiction. Au commencement pure théorie mathématique orientée vers les machines, Gregory Bateson appliquera, après les conférences de Macy, les idées de la cybernétique aux sciences humaines. La théorie de la complexité s’est ensuite nourrie de la théorie du chaos, l’idée selon laquelle une situation macroscopique est extrêmement sensible aux conditions initiales microscopiques («un battement d’ailes de papillon en Australie déclenche un ouragan en Chine»). Les recherches sur les automates cellulaires issues de Von Neumann et Stanley Ulam, et poursuivies notamment par Stephen Wolfram, ont montré l’existence d’un hasard intrinsèque : autrement dit, des phénomènes fondamentalement imprévisibles peuvent se produire dans des systèmes dans lesquels il n’existe pas d’influence externe et dont les conditions initiales sont parfaitement contrôlées et connues. Les théories de la complexité insistent donc sur le caractère contre-intuitif des systèmes et comportements collectifs. La complexité semble être à la base de bon nombre de phénomènes sociaux ou écologiques. Avec les nouvelles technologies de la communication, bon nombre de comportements collectifs apparaissent qui reposent directement sur les théories de la complexité: l’organisation du web (dont la structure en «petits mondes» se retrouvent en biologie ou même en physique), les techniques de «swarming» qui ressemblent aux stratégies des insectes sociaux, les phénomènes P2P, qui permettent l’émergence d’architecture complexes sans nécessiter aucun commandement centralisé (wikipedia, le «bazar» de l’open source)