L’IMPERIALISME

Les Jeux Olympiques de Beijing ont envoyé une véritable une onde de choc à travers le monde. Les visiteurs et les téléspectateurs, qui s’attendaient à rencontrer un pays post-communiste en voie de développement, ont découvert des villes gigantesques, propres, modernes et sûres, des installations de pointe, une organisation parfaite, des produits des grandes marques internationales vendus dans d’immenses centres commerciaux, des marques chinoises proposant des produits de haute technologie et des athlètes (peut-être dopés, mais impossible de le prouver) capables de gagner des médailles dans presque toutes les disciplines… Le nouveau superpouvoir affirmait fièrement sa puissance. Il a même profité de la dynamique de l’événement pour annoncer l’abandon de sa «politique de l’enfant unique», afin de stimuler sa croissance à long terme et d’éviter un vieillissement trop rapide de sa population.

Ce succès a suscité plus de crainte que d’amour vis-à-vis de la Chine. Les gens se montraient certes impressionnés, mais aussi frappés de voir qu’il ne restait à peu près rien de l’ancien Beijing. La mort de deux marathoniens a été attribuée à l’air vicié de la capitale, mais les touristes et les journalistes qui avaient profité du voyage pour visiter l’intérieur du pays ont rapporté des cas de pollution encore plus graves. L’étouffement des contestations sociales avant et durant les Jeux, qui a pu être dévoilé malgré tous les efforts de la police pour censurer l’internet, a révolté l’opinion publique mondiale.

Réveil

D’une certaine manière, l’élection surprise d’un Républicain à la tête de la Maison Blanche en novembre 2008 a pu être considérée comme une conséquence de cette onde de choc. Sa volonté affichée de défendre l’American Way of Life face à la menace du géant oriental a été entendue, même si la manière dont il comptait s’y prendre demeurait plutôt floue.

De manière plus surprenante (pour un républicain), le futur président avait joué la carte de l’environnement. Des événements climatiques de plus en plus irréguliers et extrêmes faisaient du changement climatique, dans l’esprit des électeurs, une réalité palpable. Le candidat précisait toutefois clairement que, si les 2,5 milliards de Chinois et Indiens avaient en tête de construire des centrales au charbon, de fabriquer des produits chimiques sans protections environnementales et d’acheter des grosses voitures, tous les efforts (non précisés) que pourraient faire les Etats-Unis seraient inutiles.

Dans ces conditions, les négociations de Kyoto II, boycottées non pas par les Etats-Unis, mais par les principales économies émergentes qui estimaient qu’on leur demandait de ralentir leur propre développement pour permettre aux pays post-industriels de conserver leur niveau de vie, ont rapidement échoué.