Ailleurs, au-delà des limites des 200 agglomérations les plus riches du monde, les choses devenaient en revanche plus compliquées. Peu de temps après le coup d’état de 2016, clairement soutenu par les Etats-Unis, qui avait remplacé le président du Venezuela Hugo Chavez par un dirigeant ami et diplômé de Harvard en 2016, la Russie prenait par les armes le contrôle des champs de pétrole d’Azerbaïdjan. D’une manière plus douce mais tout aussi décidée, l’Union européenne, quant à elle, fournissait l’aide nécessaire aux groupes qui ont finalement renversé le pouvoir déclinant des Mollahs en Iran. Le pouvoir de l’OPEP avait plus ou moins disparu. Deux marchés du pétrole coexistaient : des accords bilatéraux sécurisés à long terme permettaient aux principales économies de bénéficier de prix raisonnables alors que les marchés internationaux des carburants fossiles maintenaient des tarifs insuportablement élevés.

Les changements climatiques commençaient également à avoir des effets dévastateurs. En 2016, après que les Philippines eussent été dévastées par un troisième typhon de niveau cinq en 3 ans, l’Union européenne et un groupe de sociétés mirent en place un effort massif de reconstruction qui a marqué l’histoire pour deux raisons. C’était tout d’abord la première fois qu’une entité gouvernementale s’associant officiellement avec des groupes privés dans une opération de cette nature et de cette ampleur. En outre, des contreparties avaient été conclues du côté philippin : son gouvernement s’engageait à mettre en place des mesures de prévention contre les catastrophes à venir (en utilisant des technologies européennes), mais également à ouvrir plus grand ses marchés aux produits européens, à organiser une croissance plus propre et plus lente ou encore, à appliquer avec vigueur les traités sur la propriété intellectuelle.

Après avoir lourdement investi dans les technologies énergétiques, ainsi que dans les systèmes de détection et de gestion des catastrophes climatiques, l’Occident commençait ainsi à utiliser sa technologie comme un outil de négociation avec les pays qui souffraient le plus des changements climatiques.

Le coût de l’énergie, la méfiance des consommateurs et les campagnes de boycott, la pollution et les problèmes climatiques, pesaient de plus en plus lourd sur les économies émergentes. Certaines d’entre elles continuaient à se développer de manière irrégulière et globalement plus lente. Mais d’autres sont entrées en déclin, accompagné d’une forte instabilité sociale et politique, ce qui aggravait encore leurs problèmes. Les investissements étrangers se raréfiaient et s’assortissaient de plus en plus de conditions drastiques. Les plus grandes métropoles du tiers monde ont plongeaient dans l’anarchie alors que leur population continuait à augmenter. Faute d’entretien, plusieurs nouvelles villes industrielles de Chine, bâties au début du XXIème siècle, se délabraient rapidement en raison de la mauvaise qualité des constructions.