L’impact des JO de Beijing de 2008 n’a pas exactement correspondu aux attentes de la Chine. Celle-ci espérait, à raison, voir le monde s’extasier devant sa nouvelle puissance. Mais le monde s’est surtout demandé comment autant d’athlètes inconnus jusqu’alors avaient pu rafler autant de médailles. Les touristes et les journalistes qui avaient profité du déplacement pour visiter le pays ont rapporté des récits de rivières polluées et d’usines chimiques dangereuses construites au beau milieu de villes nouvelles, d’expropriations et d’exploitation à grande échelle. Et pendant ce temps, 10 marathoniens manquaient de s’étouffer dans l’air chaud et toxique de Beijing.

Ces évènements n’ont pas surpris les observateurs avertis, contrairement aux milliards de spectateurs qui, entre un 100 mètres et la finale de gymnastique, se sont posé de nombreuses questions sur ce que le monde était en train de devenir. Ce qui était, bien entendu, ce qu’un petit groupe d’intellectuels et d’entrepreneurs chinois, disposant d’alliés au sommet même du Parti Communiste Chinois, avait en tête.

Prise de conscience

Les médias, les blogueurs et les citoyens commencèrent à faire le lien entre certains événements. Le prix du baril de pétrole était passé à 150 dollars, ce qui avait entraîné l’augmentation du prix de l’essence et d’autres produits et donc pesé sur la croissance. Des incidents climatiques locaux apparemment aberrants, comme des pluies presque tropicales en Grande-Bretagne alors que l’Europe du sud-est souffrait de la sécheresse et d’une chaleur torride, se multipliaient. Le web bouillonnait. Les gens se mirent à réunir, à partager et à croiser les informations. Des articles et des analyses, certains sérieux, d’autres plus légers, circulaient et se voyaient parfois repris dans les médias traditionnels. Les spécialistes du climat décidèrent d’ouvrir le code de leurs modèles informatiques afin de permettre à qui voulait de les utiliser, voire de les améliorer. Un site Internet provocateur, SUVtheplanet.org (jeu de mot entre «save», sauvez et «SUV», 4×4 de ville, NdT), proposa à ses visiteurs de révéler les pratiques environnementales irresponsables de leurs voisins ou de célébrités, ce qui contraint un certain nombre de personnes et d’entreprises à s’excuser publiquement et à s’engager à modifier leurs pratiques.