Changements de paradigme
Cette série d’attentats produisit les conséquences que l’on imagine : crash des marchés boursiers, contraction brutale des voyages internationaux, mesures de sécurité d’urgence qui devenaient vite permanentes, impacts économiques en cascade… Mais un événement des plus inattendus se produisit alors : au lieu de se contenter de parer au plus pressé, la plupart des gouvernements demeurèrent inébranlables et renouvelèrent leurs engagements pour une croissance plus verte.
Les restrictions sur les transports aériens furent présentées comme l’occasion de « bouger moins, vivre plus », selon le mot de l’ambassadeur de l’ONU qu’était devenu l’ex-chanteur d’U2, Bono. Malgré le lobbying acharné des compagnies aériennes et de l’industrie aérospatiale, les voyages en avion furent lourdement taxés. Des limites furent même imposées au trafic aérien vers plusieurs destinations majeures. A titre de compensation, on encouragea la recherche sur des systèmes de communication à distance » hyperréalistes », tandis que les Etats, aidés par des fondations privées, finançaient des salles de téléconférence grandeur nature dans des métropoles des pays développés et en voie de développement, afin d’encourager les intervenants à télé-agir plutôt qu’à se déplacer. Les premiers résultats de cette politique furent mitigés. Mais les incitations et les pénalités financières mises en place, ainsi que les progrès des interfaces sensorielles, permirent finalement au télétravail, à la téléprésence et à d’autres formes de communication à distance de se répandre petit à petit. Les univers virtuels développés dans différentes régions du monde commencèrent à se connecter à un « Metavers », qui devint l’un des plus puissants dispositifs d’organisation d’interactions à distance et de forums publics.