« Etouffons Beijing ou étouffez à Beijing ! » Tel était le slogan initial de l’important mouvement populaire de boycott des Jeux Olympiques de Beijing initié au début de l’année 2008 et qui s’est répandu via l’internet dans presque tout le monde post-industriel. La Chine, affirmaient ces militants, ne respectait ni les droits de l’homme, ni ceux des travailleurs. Elle soutenait des dictatures pour obtenir du pétrole. Elle était devenue le plus gros émetteur de CO2 au monde…
En apparence, ces protestations n’eurent qu’un effet limité. Seuls deux pays mineurs avaient officiellement rejoint le boycott. Les médias étaient au rendez-vous, même si leurs reporters avaient pour instruction de s’intéresser aussi à ce qui se passait en dehors des stades. Peu de gros annonceurs s’étaient retirés, et ceux-ci furent rapidement remplacés.
La machine olympique a fonctionné sans anicroche. Personne n’imaginait que ces vaguelettes n’annonçaient une lame de fond.
Incrédulité
Les problèmes qu’ont rencontrés les JO de Beijing étaient symboliques d’une prise de conscience environnementale croissante, et du sentiment que la politique et l’économie étaient responsables du dérèglement environnemental. La Chine n’était ici qu’un bouc émissaire, certes pas tout à fait innocent. Lorsque les blogueurs, suivis par les médias, commencèrent à faire le lien entre eux, il devint clair que l’accumulation d’événements climatiques inhabituels sur toute la planète ne devait rien au hasard : une canicule saharienne en Europe de l’est, des pluies tropicales en Grande-Bretagne, une série sans précédent d’ouragans sur le Golfe du Mexique… Et pendant ce temps-là, l’augmentation continue du prix du pétrole frappait tout le monde au portefeuille.
Cela (en plus de l’Iraq) suffit à porter une Hilary Clinton soudainement convertie à l’écologie à la Maison Blanche en janvier 2009. Il y avait des raisons d’espérer. Clinton aux Etats-Unis, Sarkozy en France et Merkel en Allemagne, rejoints par de plus en plus de grands chefs d’entreprises, n’avaient plus que l’environnement à la bouche. Mais il est rapidement apparu qu’il y avait loin des paroles aux actes. Lorsqu’il fallait prendre des décisions difficiles, comme taxer les activités polluantes (y compris l’agriculture intensive), réduire la circulation automobile ou créer des champs d’éoliennes contre la volonté des populations locales (dont certains étaient d’ardents protecteurs de l’environnement lorsqu’il s’agissait du reste du monde), ces dirigeants manquaient de soutien ou de courage, voire des deux. Personne n’était prêt à faire de sacrifices en échange de bénéfices incertains, sans en outre être sûr que le reste du monde s’engagerait dans la même voie.