Certes, les fonds attribués à la Recherche-Développement dans tous les domaines liés à l’environnement, avaient plus que doublé, certains projets symboliques, comme les gigantesques «fermes solaires» de Toronto, avaient été lancés en grande pompe. Mais l’un des projets les plus visibles, qui consistait à faire des Jeux du Commonwealth de 2010 à Delhi les premiers « jeux verts » au monde, fut rapidement critiqué comme une pure mascarade : les activités polluantes était simplement externalisées auprès d’autres régions du monde, les véhicules à essence étaient remplacés par des voitures électriques dont l’énergie provenant de centrales au fuel ou au charbon, la plupart des autochtones n’avaient pas le droit d’utiliser leurs voitures durant les événements, etc.

Pour couronner le tout, l’année 2011 a vu la majorité des pays émergents quitter les fragiles négociations « Kyoto II », en se plaignant (parfois à juste titre), que les pays post-industriels leur refusaient en fait le droit de se développer dans le but de préserver leur propre niveau de vie.

Les défenseurs de l’environnement, ainsi qu’une grande partie de l’opinion publique (surtout au Nord, il faut le reconnaitre), voyaient avec incrédulité leurs institutions politiques et leurs grandes entreprises, même habitées des meilleurs intentions, se montrer incapables de changer quoi que ce soit à la marche du monde. L’incrédulité parvint à son comble lorsqu’on constate que les scientifiques obtenaient des résultats importants dans de nombreux secteurs : des cristaux nanométriques qui permettaient de fabriquer des panneaux solaires plus efficients, faciles d’usage et économiques ; des centrales nucléaires plus petites et moins dangereuses ; des systèmes de production et de stockage d’hydrogène un peu plus sûrs et moins coûteux (même s’ils pouvaient pas encore être mis entre toutes les mains) ; des matériaux et des tissus isolants, des plastiques recyclables et fabriqués sans pétrole, des variétés végétales génétiquement modifiées, moins consommatrices d’eau et à haut rendement…

Apparemment, nous savions comment rendre le monde plus durable. Alors, pourquoi ne se passait-il rien ? Alors, sans jamais en prendre consciemment la décision, les gens ont commencé à prendre les choses entre leurs propres mains.